En 2018, l’Autorité des Antiquités d’Israel (IAA) présentait au public un masque en pierre. Il appartient à cette famille des masques de pierre vieux de 9 000 ans. Avec leurs yeux vides et leurs expressions énigmatiques, ils comptent parmi les artefacts les plus fascinants et les plus distinctifs du sud du désert de Judée.
Tout d’abord des précisions sur le Néolithique. C’est une très longue période qui s’étend sur plusieurs millénaires, entre environ 10 000 et 6 000 avant notre ère. Elle est elle-même divisée en Néolithique Pre-céramique A et B, PPNA et PPNB. Puis vient le Néolithique tardif qui nous intéresse ici.
Le Néolithique tardif, ou Néolithique céramique, commence au Levant nord vers 7000-6800 avant notre ère. Il tient son nom d’un type de céramique polie et foncée le la Dark-Faced Burnished Ware (DFBW). La période connait des évolutions un peu différentes selon les régions mais la principale caractéristique commune consiste dans la révolution du mode de vie, à savoir la naissance de l’agriculture et l’établissement des premières communautés sédentaires.
L’adoption de l’agriculture, à dominante céréalière, et de l’élevage à la suite de la domestication de plantes et d’animaux, supplantent progressivement la chasse et la cueillette. On assiste à l’essor du mode de résidence sédentaire et villageois, a l’élaboration d’une architecture de plus en plus complexe, au développement d’un outillage en pierre varié, notamment du mobilier en pierre polie. C’est toute la société qui est bouleversée, que ce soit dans le domaine démographique ou dans son organisation. C’est donc un changement radical, qui a pu être caractérisé de « révolution néolithique » c’est l’ un des phénomènes majeurs de l’évolution des sociétés humaines. Mais c’est un processus qui s’inscrit dans une très longue durée, complexe, qui se déroule de façon non linéaire, connaissant des phases de reflux et d’autres où les changements sont plus rapides. Il comprend de plus des variations selon les régions.

Munhata
Pre-Pottery Neolithic B

Gilgal I
Pre-Pottery Neolithic A
8th Millenium BCE
K2647
On a retrouvé des graines domestiquées à semer, parmi les plus anciennes à avoir été plantées dans le monde, et un bol de broyage de la période néolithique, qui sont parmi les premières preuves de ces événements formateurs dans le développement de la culture humaine. Ces graines d’orge sauvage sont la première preuve au monde du début de la révolution agricole. La collecte et le stockage à long terme de grandes quantités d’orge, d’avoine, de pistaches, de glands et d’autres céréales et graines sauvages témoignent de stratégies de plantation et de subsistance à long terme. Les premières sociétés agricoles ont inventé de nouveaux outils pour transformer les plantes comestibles qu’elles avaient commencé à cultiver. Ce type de bols était utilisé pour piler et moudre les céréales et les légumineuses, qui, depuis la révolution agricole, ont constitué une partie importante de l’alimentation humaine.
Les premiers objets rituels ont été trouvés sur les sites des premières communautés sédentaires et des anciens royaumes tribaux de la Terre d’Israël. Ceux-ci comprenaient les masques les plus anciens du monde, des crânes humains plâtrés ou surmodelés utilisés dans le culte ancestral

Eynan
Natufian

Photo (c) IMJ, By David Harris.
Au début du Néolithique, il était courant de séparer le crâne du squelette avant l’enterrement. Dans plusieurs sites du Levant, ces crânes avaient des traits faciaux modelés dans des couches de plâtre. Ils ont été trouvés dans des sépultures séparées sous le sol des maisons, reflétant probablement une forme de culte des ancêtres qui a peut-être renforcé le sentiment de propriété foncière au cours d’une période marquée par un passage aux villages sédentaires. Un autre type de crâne, unique à la grotte Nahal Hemar, près d’une source d’asphalte, est lui-même recouvert d’une couche d’asphalte.. L’absence de traits du visage suggère que les masques étaient destinés à être attachés aux crânes. Si tel est le cas, les crânes de Nahal Hemar peuvent exprimer une pratique de culte différente de celle des crânes plâtrés.
On a aussi retrouve des figurines de déesses ainsi que des produits tels que les textiles et des récipients en poterie.

Horbat Minhat
Pottery Neolithic Period
6th Millenium BCE
IAA 93-870
Les premières sociétés agricoles de notre région n’ont commencé à utiliser des récipients en poterie pour le stockage et la cuisson à grande échelle qu’après la domestication des animaux. À partir de ce moment, l’utilisation des vases en poterie s’est répandue, leurs formes et leurs décorations changeant fréquemment au fil des ans. En archéologie, en effet, l’analyse de la poterie est un outil majeur de la recherche, utilisé pour distinguer les époques et les cultures.

Horvat Duma
PPNB
Revenons au masque en pierre. Et d’abord au contexte de sa découverte. Dévoilé au public en 2018, le masque a été mis au jour quelques mois plus tôt par l’unité de prévention de pillages de l’Autorité Israélienne des Antiquités. Une enquête ultérieure a ensuite conduit les archéologues au site archéologique dans lequel le masque avait probablement été découvert, près de la colonie de Pnei Hever, dans la région de Hébron.
On ne connaissait que 15 exemplaires de ce type de masque. Celui-ci est le seizième et sa découverte a ravivé l’intérêt et la curiosité des chercheurs ainsi que du public.
Je cite Ronit Lupu, l’archéologue qui a participé à la récupération du masque et à l’identification du site associé à sa découverte. « C’est incroyable, c’est beau, Vous le voyez et vous n’avez qu’une envie : pleurer de bonheur ».
Le masque partage de nombreuses caractéristiques avec les autres découvertes faites à ce jour. Celles-ci incluent un visage à taille humaine en calcaire avec de grandes ouvertures pour les yeux, une bouche bien définie et des trous percés tout autour. Les trous ont amené certains chercheurs à suggérer que les masques étaient conçus pour être attachés à un visage ou à un objet.
Les 15 masques précédemment découverts avaient été réunis à l’occasion d’une exposition temporaire présentée au Musée d’Israel à Jérusalem entre 2014 et 2015.
Le rôle exact de ces masques dans la société il y a 9 000 ans reste un mystère.
S’agissait-il d’un rituel funéraire ou d’un autre type de rituel, ou simplement d’une tenue de fête élaborée ?
Alan Simmons, professeur émérite d’anthropologie à l’Université du Nevada à Las Vegas, spécialisé dans cette période, penche pour la fonction culte funeraire. Je cite: « Une fois que vous avez une population plus nombreuse et que plus de personnes vivent dans un même endroit, vous avez besoin d’un contrôle social. C’est pourquoi on commence à observer un comportement rituel plus formalisé. » Les figurines humaines et les crânes en plâtre sont d’autres indicateurs de l’instauration de rituels à cette période.
Une grande partie du mystère tient au fait que la plupart des masques néolithiques connus proviennent de collections privées et ont des origines troubles, sans traçabilité archéologique. Jusqu’à présent, seuls deux des masques avaient un contexte archéologique clair : un masque retrouvé dans une grotte de Nahal Hemar et un masque acheté par le général israélien Moshe Dayan
Mais pour certains archéologues, connaître le lieu de la découverte ne suffit pas. « Même si nous pouvions trouver le site d’où provient le masque, cela ne nous dit pas vraiment comment il a été utilisé « , déclare Yorke Rowan, professeur d’archéologie à l’Université de Chicago. « Faisait-il partie d’un rite mortuaire ? Dans un contexte rituel, dans une sorte de sanctuaire ? C’est le type de questions auxquelles on ne peut répondre qu’en connaissant le contexte archéologique« .
Par ailleurs, Le fait que seuls deux des seize masques de pierre aient été excavés scientifiquement nourrit également le doute que d’autres exemplaires puissent être des faux, comme le souligne Morag Kersel, professeur d’anthropologie à l’Université DePaul a Chicago qui prépare une étude sur l’authenticité des masques.
Les défenseurs de l’authenticité des masques font état d’une analyse effectuée en 2014 sur la patine de surface d’une douzaine de masques en pierre, dont dix provenaient de collections privées et n’avaient pas de provenance connue, indiquant que tous avaient été découverts dans un petit rayon géographique autour des collines et du désert de Judée. Le dernier masque a également été trouvé dans la même zone.
Néanmoins, Kersel appelle à la prudence, notant que la patine « authentique » peut être reproduite sur des artefacts contrefaits. Je cite : « Nous ne saurons jamais si un masque est faux ou d’où il provient réellement, sauf s’il a bien été excavé de manière scientifique ».
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